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Paperback writer
15 novembre 2011

Le concept d'amour sur Meetic, une vision hégélienne ?

Bonsoir,

Pseudos amusants, stratégies de rédaction de profils, statistiques diverses, voilà à quoi peut ressembler un blog sur les sites de rencontres. On y parle assez peu d'amour et c'est logique, normalement le blog perd de sa substance dès lors qu'une relation se noue.

Sur Meetic, je constate que de nombreuses filles se prémunissent contre les plans culs (la réputation précède le site) mais peu parlent vraiment d'amour. D'autres sont là et disent ne pas trop savoir pourquoi. Certaines ont des annonces qui me font frémir sur la vie à deux, le quotidien (j'ai lu un truc horrible, du genre, "je suis prête à accepter tes chaussettes qui traînent"). (Vu les chaussettes que je porte, jamais je ne les laisserais trainer négligemment ! ) On aurait là une sorte de rationalité de façade. Ce qui m'intéresse c'est combien sont là pour réenchanter leur vie et pas par désespoir ou parce que l'horloge tourne et qu'il faut se caser.
Cette ambition est évidemment irréalisable, à moins de me faire passer pour un sociologue et de négocier des entretiens (je plaisante).

De manière plus générale, on peut s'interroger sur la place de l'amour dans la société. Lorsqu'on est célibataire, on est assez reconnaissant face aux couples qui évitent de s'emballer sous nos yeux. On n'y échappe pas, dans les métros, les gares (cf le drame des séparations sur le quai le dimanche soir, j'ai beau être seul, j'ai de la peine pour eux lorsque je les croise), mais rien d'embarassant. Au passage, si vous êtes un peu frustrés, je vous invite à écouter cette chanson "thérapeutique" de Linda Lemay, Au nom des frustrées.

Du point de vue de la société (j'ai eu un échange passionnant aujourd'hui sur le rôle de la société, le jour où je rencontre quelqu'un, je convertis ce blog en réflexions philosophiques) la place de l'amour peut poser problème. J'ai lu d'un coté des choses sur Alain Badiou ou Toni Negri, mais citer des marxistes ou maoistes sur mon blog m'étrangle un peu, surtout si c'est pour aller contre Hegel.

En effet, Hegel ne voulait donner aucune dimension politique à l'amour. Je vous propose de lire ce passage des Principes de la philosophie du droit, paragraphe 158.

"D’une manière générale, l’amour désigne la conscience de l’unité que je forme avec quelqu’un d’autre, de telle sorte que je ne sois pas isolé pour moi, mais qu’il ne me soit possible d’acquérir la conscience de moi que par la suppression de mon être-pour-soi et par la connaissance de moi-même comme d’une unité que je forme avec l’autre et que l’autre forme avec moi. Mais l’amour est un sentiment, c’est-à-dire la vie éthico-sociale sous sa forme naturelle. Dans l’Etat, l’amour n’a plus sa place, car dans l’Etat on est conscient de l’unité en tant qu’unité de la loi ; dans l’Etat, le contenu doit être rationnel, il faut que je le connaisse."

Pour ceux qui auraient zappé sur viedemerde.fr à la lecture de ce cher Georg Wilhelm Friedrich, je vais tenter de résumer (en massacrant l'essence du propos).

Hegel

  • 1 + 1 = 1 : ça c'est l'amour, un sentiment caractérisé par sa contingence (plus ou moins forte)
  • L'état c'est une rationnalité. A ce titre, remarquons qu'Hegel fait explicitement du mariage la conformité de l'amour au droit, à l'anti contingence. Si vous avez été à des mariages, vous y avez peut être vu une forme d'acceptation et de représentation de l'amour de deux personnes aux yeux de leur entourage, de la société (et de Dieu parfois). Ce n'est pas un hasard si des témoins sont présents pour valider cette union auprès de la société. (Rassurez vous, je sais m'amuser lors des mariages)

C'est pourquoi j'en arrive à la conclusion que Meetic serait à l'image de cette raison hégélienne : ne pas s'aventurer sur des chemins personnels, contingents, et afficher une certaine distance, des causes rationnelles. Je ne dis pas que toutes les Bridget Jones de Meetic ont lu Hegel, mais simplement que Meetic est un peu à l'image de l'amour dans nos sociétés modernes.

Je suis preneur de tout commentaire, même si c'est pour aller dans un sens opposé et me démontrer que ma vision est biaisée !

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Commentaires
E
Je me reconnais dans la séparation du dimanche soir à la gare :-)<br /> J'en ai vu une dimanche dernier vider toutes les larmes de son corps lors de la séparation... j'ai presque trouvé cela pathétique !
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