L'automobile et moi

Bonsoir,

Pour changer et comme annoncé la semaine dernière, je vais vous parler de mon rapport à l'automobile ce soir. Parmi tout ce que je possède - et en cela je fais bien partie d'une société de surconsommation - je suis très attaché à mon vélo et surtout à ma voiture.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé les bagnoles (soyons directs). A 12 ans, j'étais capable d'identifier une voiture d'après une photo de son tableau de bord.
J'ai vécu mes premières émotions automobiles assis sur les genoux de mon père, sur un talus (toujours au dessus de la chaussée), à voir passer les bolides d'un célèbre rallye national. "Biberonné" au son des Peugeot 205 Turbo 16 ou des Renault 5 bi-turbo, je me souviens surtout des Peugeot 306 Maxi ou des Renault Mégane Kit Car (si cela vous parle un peu, imaginez un moteur turbocompressé de 2,0L, essence, développant 280 cv et consommant dans les 60 litres aux 100 kilomètres).

 Voilà ce qu'étaient les rallyes pendant mon adolescence

A 16 ans, je me revois accompagner mes grands parents acheter une Peugeot 306. Je m'en souviens comme si c'était hier, c'était un modèle Symbio, 1,9 TD de 90ch. J'y ai fait ma conduite accompagnée dessus. Ma grand mère s'en est séparée la semaine dernière, ses routes de campagne étant devenues trop étroites. J'ai eu un petit pincement au coeur quand j'ai appris qu'elle avait été vendue.  

J'ai travaillé un an dans l'automobile, ma plus belle année professionnelle sans aucun doute. Je me réjouis lorsque j'apprends que quelqu'un cherche à acquérir un véhicule et j'essaie toujours d'apporter quelques conseils. Lorsque je rentre chez mes parents, j'essaie de voir un proche, passionné d'automobiles et qui abrite dans son garage un monstre japonais très peu diffusé en France et qui nourrit tous mes fantasmes.  

Venons en donc à ma voiture. Il s'agit d'une Audi A3, moteur 2,0L TDI, 16 soupapes, de 140 chevaux, millésime 2007. Importée d'Allemagne, trois portes, gris métal, boite mécanique 6 vitesses, elle est puissante, sécurisante, j'en suis dingue. Comme dit ma soeur, "tu la sors juste pour aller la laver", ce n'est pas toujours faux. Bien positionnel, pur snobisme, achat passion, je le revendique. Pour beaucoup, investir autant dans un véhicule alors qu'on n'est pas encore propriétaire de son logement, c'est absurde. Je l'entends, mais j'aime me dire qu'on "ne vit qu'une fois" et le plaisir est aussi présent dans mes arbitrages à l'achat. Je ne suis hélas, ni rationnel, ni détaché, mais ça, je vous l'ai déjà dit !

Mon Audi A3

A Paris, il n'est pas de bon ton d'aimer les voitures, c'est un truc de beauf, de bouseux de province. Au mieux on en a une basique, fonctionnelle, sinon on en loue une et surtout on prend le train, l'avion, les transports. Je peux le comprendre, à Paris, la voiture est surtout une contrainte ; difficile de se garer (ce matin j'ai vu un camion de livraison reculer dans une Mercedes C350, j'étais écoeuré), difficile de circuler. A l'inverse, en province, elle est indispensable pour aller travailler, faire ses courses, visiter sa famille, partir en vacances. Il n'est donc pas étonnant que la valeur accordée à l'auto soit à mon avis plus élevée en province.  

Ma voiture m'est donc parfaitement inutile pour faire des rencontres. Ma grand mère, dans sa grande sagesse, établit un lien très fort entre attirance et belle voiture. Il lui semble évident qu'avec ma voiture, je devrais attirer plus de jeunes femmes. Ce n'est hélas pas le cas, mais vu le peu d'occasions que j'ai de la montrer (la voiture bande de tordus) à une fille, il est normal qu'elle ne m'aide pas.

Je "kiffe" donc ma voiture comme un onanisme routier. Je défie parfois les radars, me délecte des editos de Bernard Darniche sur France Bleu 107.1 Ile de France. A ce sujet, ce monsieur mérite d'être connu. Vainqueur mémorable du Monte Carlo 1979, il oeuvre maintenant pour la Sécurité routière mais avec un point de vue iconoclaste et résolument en faveur des automobilistes. Pour en savoir plus, voir le site de Citoyens de la route.

Parmi mes lecteurs, certains ne se laisseront convaincre que si les mots viennent d'un intellectuel. Alors, oui dés qu'on parle d'automobile, c'est la citation tarte à la crème qu'on ressort toujours, mais au cas où cela vous serait étranger, voici ce que disait Roland Barthes en 1957, dans Mythologies, à propos de l'automobile en général et de la Citroën DS en particulier :  

"Je crois que l'automobile est aujourd'hui l'équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d'époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s'approprie en elle un objet parfaitement magique."

54 ans plus tard, cela demeure en majorité vrai. Malheureusement la crise énergétique risque de sonner le glas du moteur à explosion, et je ne peux pas dire que l'Autolib lancé en grande pompe il y a peu s'inscrive dans la lignée des propos de Barthes ... 

Comments

[Elo]

So... Toi !
Et j'adore !