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Paperback writer
19 septembre 2012

Violence ordinaire

Ne prenant plus le métro, je réfléchissais à un papier sur les filles sur la route. Entendons-nous bien, pas des travailleuses des bords de la RN2, entre Soissons et Villers Cotterêts. Non, des filles au volant, à pied, à vélo, celles que je croise tous les jours en scooter.

Mais le scooter, c’est 2% du temps à loucher sur des jolies filles qui traversent la chaussée, promènent leur chien, font du jogging. 98% du temps, c’est éviter l’autre. 

L’autre est généralement un imbécile. Un automobiliste. Celui qui ne se serre pas à gauche sur le périphérique ou alors sur la voie du milieu. Celui qui veut te pousser au feu stop. Celui qui se rabat sur toi sans clignotant.

Je suis aussi un imbécile. Je me faufile, je me déporte au dernier moment sur ma voie. Je franchis des lignes blanches continues. Je me gare sur des trottoirs.

Faire cohabiter deux imbéciles engendre une violence plus ou moins grande. Klaxons, doigts d’honneur, injures. J’en viens parfois à regretter le métro et la blonde qui se remaquille. Mais dans le métro, on dépouille les travailleurs matinaux ou les fêtards endormis.

Cette violence est prégnante à la société. Au travail - malgré les apparences policées - les messes basses, les textos tardifs en off, les « scuds » par e-mail, sont légion. On te demande à 55 ans si tu penses à la retraite. On ne comprend pas que tu n’aies pas traité un dossier lors de ton weekend de plongée.

Dans la rue, on défile contre un sous film, contre une caricature de barbu. On incendie des ambassades. On brûle des drapeaux.

 

Plusieurs choix s’offrent à nous.

Je m’écrase. Je me fais invisible. Je ne réponds pas aux provocations, je n’alimente pas la violence. Je courbe l’échine. Je fais profil bas. Je me lâche sur les commentaires de 20minutes.fr avant qu’ils ne soient fermés pour cause de débordements.

DSC_0154

Ovins, Observatoire de Meudon - Juin 2012

Par chance, j’ai peut être une autorité naturelle, un respect qui se dégage de mon attitude, de mon physique. Je le sais, je n’en abuse pas. On ne m’emmerde pas.

Ou encore, je suis en colère, je n’en peux plus. Je bascule. Moi aussi je serai violent. Je vais à la salle. Chez le tatoueur. Je rejoins Serge Ayoub. La violence par la violence. Les rasés face aux barbus.

Je m’isole. Ma manette est mon AK-47. J’ai un RPG dans le dos, un pistolet dans la main gauche. Un Sennheiser haute fidélité dans les oreilles. Un écran plat. Un défouloir intime mais mondial. Je pars en croisade. Je crée des équipes.

Je vis à l’écart. A la campagne. Dans la nature. Paradoxe, car l’état naturel est l’état de violence. Je suis bouddhiste. Je médite.

Je suis amoureux. Je me marie. Je fais des enfants. Je les protège. Je leur donne les clefs pour s’insérer dans ce monde.

Ayant le crâne rasé pour cause de calvitie, mais peur des coups, je me situe en ce moment dans celui qui se met à l’écart. Je ne klaxonne qu’en cas d’extrême urgence. Je me défoule en courant, en lisant, en jouant. Je suis amoureux. J’essaie de quitter la ville.

Et vous ? 

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